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Streetlightcircus

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13 juillet 2010

P an c r éa s t e r oï d

Des cheveux sales et un visage barbouillé, on l'appelait le funambule. Sans filet, c'était là son seul plaisir. Le plaisir de voir la mort de près et de pouvoir contempler les réactions du monde qui l'entourait. Le public du triste spectacle d'une vie qui ne tient plus qu'à un fil. Le fil des Moires, le fil du rasoir. Dérision, déraison, génie ou inconscience. À vous de choisir et Alea Jacta Est. Les artistes quittent la piste et débute le numéro du Fou au Fil...

Frayeur ? Inquiétude ? Si seulement. On y lisait que le plaisir et le sadisme. Les regards d'un public au nez rouge, de paires d'yeux d'Augustes soulignés de cernes de peinture. Oppressants, lourds, saturés, autant que leurs sourires détruits. Détruits mais carnassiers quand le funambule titubait sur son fil. Et chaque pas le rapprochait de son inéluctable destin. Il en était conscient. Mais pour tous, il était fou, si bien qu'on lui avait rajouté un chapeau à grelots sur la tête pour se moquer de lui. Il s'en foutait, il avançait, sordide équilibriste parfois éclipse de la faible lumière des réverbères suspendus au sommet du chapiteau. Il s'amusait de tout et de tous, défiait les lois dressées par les autres. Enfermé dans sa différence comme dans une immense solitude, il avait réussi à s'élever plus haut que le reste des hommes, plus haut qu'astres et nuages. Souvent, son fil s'était perdu dans les méandres de la folie, mais il avait effleuré la chevelure flamboyante de comètes et caressé les étoiles. Il s'en était brûlé les doigts. Les avait regardé jusqu'à en perdre vue et raison. Son corps était touché de la grâce du feu céleste et son visage peinturluré des couleurs dorées d'un Soleil liquide.

Il le savait. Cela impliquait qu'il soit irresponsable, complètement taré. Ou alors il l'était devenu ce jour-là où sa vie avait basculé, où tout, en fait, avait basculé sous les sourires impatients d'un monde sans autre échappatoire que l'humour...

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